Mary - Turkmenistan
Plantées par un taxi à 11 heures du soir devant un hôtel à 60 dollars, nous rencontrons Ikram. Comprenant que notre budget est loin de pouvoir nous offrir cet imposant hôtel d’Etat, il nous emmène chercher ou dormir dans la « vraie ville ». Moins schizophrène qu’Ashgabat, Mary reste une ville à la façade tout de marbre, de fontaines et de bâtiments à la gloire du Turkmenbachi, alors que s’étendent des kilomètres de bidonvilles.Pas d’eau courante, « toilettes » et « douches » partagées par 5 ou 6 maisons… Aucun hôtel n’ayant voulu nous prendre, c’est la que nous emmène Ikram, chez lui.
Ikram est marie, pere de deux fils de 13 et 11 ans. La maison est geree d’une main de fer par la femme d’Ikram. Femme maitresse, haute comme trois pommes... Les enfants mettent la main a la pate, elle les envoie chercher de l’eau pour que nous puissions nous laver les mains, puis le bocal de cerise pour pour servir un delicieux rafraichissement, etc... Ils obeissent au doigt et a l’oeil a cette matronne rondelette bien attachante. Quelle surprise apres l’Iran, ou nous avions rencontre de nombreux petits rois du monde, centre de la famille, tels des pashas bourres de bakhlavas.
Cette mere, une fois installee sur le canape, a les pieds qui ne touchent plus terre. Elle decouvre notre precieux dictionnaire anglais russe que son mari epluchait tranquillement, et lui pique sans cesse. Travail ? Etudes ? Famille ? La communication est difficile, elle nous abreuve de questions que nous ne comprenons pas... jusqu’a ce que nous sortions nos photos. De celles-ci, et histoires de famille, nous arrivons lentement aux leurs... Ikram est parti en Russie pour son service militaire, ce qui lui a permis de voyager. Allemagne, Kazakhstan, Ouznekistan.... Une ouverture sur l’ailleurs que nous ne soupconnions pas. Drole d’album photo que nous decouvrons, photos de camarades des autres republiques de l’URSS, adresses d’amis parmis le monde, mais aussi caricatures de ses annees dans l’armee. Il a servit en Afghanistan, rentre a la maison avec une balle dans la jambe, A son retour au pays, il se marie, et entre dans la police. Il est maintenant aussi a moitie chauffeur de taxi, il faut bien vivre... Elle est vendeuse au bazar, maitresse femme dans un monde reserve aux femmes.
La famille a donc trois sources de revenus, ce qui leur permet de (sur)vivre. Les femmes vendent, les hommes sont chauffeurs de taxi. Ainsi va la vie au Turkmenistan...
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Turkmenbachi, dictateur orphelin - Asghabat